B5N2 Kate

Accueil

Le 7 décembre 1941, à 7h52, le capitaine de corvette Mistuo Fuchida lança son célèbre message "Tora, Tora, Tora!", pour avertir l'escadre japonaise et rassurer l'amiral Nagumo du total effet de surprise lors de l'attaque de la flotte américaine à Pearl Harbor. Dans son B5N2 (Kate dans la codification alliée), il supervisa cet assaut et largua sa bombe dans la fameuse "allée des cuirassés".

Le Nakajima B5N2 était sans aucun doute le meilleur avion d'attaque sur le théatre du pacifique au début de la seconde guerre mondiale, tant dans son rôle de bombardier horizontal que dans celui du torpillage. Très stable, avec une faible vitesse de décrochage, il était une excellente plate forme de tir et l'appontage était un jeu d'enfant (essayez sur un simulateur, c'est un régal...). Malgré tout, c'était un avion vulnérable et fut assez facile à abattre pour les chasseurs américains dès 1942. Il fut donc remplacé et les derniers exemplaires furent des montures pour les kamikazes.

Fuchida vola avec son avion et l'escadre de Nagumo de victoire en victoire, mais en juin 1942, c'est en simple témoin qu'il assista sur le pont de l'akagi au bombardement de son porte avions par les Dauntless à Midway. Il finit la guerre comme instructeur et s'éteignit en 1976 à l'âge de 74 ans.

Le B5N2 du capitaine de frégate Mitsuo Fuchida, piloté par le lv Mitsuo Matuzaki, avec pour mitrailleur observateur l'ev Norinobu Mizuki. L'avion se pose sur l'akagi, ce cliché date de quelques semaines après l'attaque sur Pearl Harbor.

Une maquette Hasegawa

Un rêve exaucé! Voilà des années que j'attendais ce kit chez un grand fabricant, afin de remplacer la vénérable maquette de chez Nichimo. Tout passionné de ce qui est sans doute la plus célèbre bataille aérienne de toute l'histoire, ou même tout cinéphile averti ("tora, tora, tora", mon préféré, ou encore le dernier "Pearl Harbor" ), se doit de monter cette maquette.

L'habitacle

Trop impatient, je me suis précipité chez mon revendeur sans attendre la sortie d'un accessoire pour agrémenter le long habitacle. A peine avais je terminé ce sous ensemble qu'Eduard sortait une planche de photodécoupe...La référence: 48 363. Bon, pour me rassurer, j'ai constaté à la vue de cette planche qu'elle n'est pas indispensable, sauf, à mon gout, pour les 2 sièges, d'une grande finesse, et pour le pilote , il est évidemment ajouré, ce qui est plus réaliste et du plus bel effet. Sinon, d'origine, l'habitacle est superbement reproduis, et avec quelques chutes de photodécoupe, on peut arriver à un très beau résultat. Voyons les différentes parties internes de l'appareil:

Le tableau de bord, magnifiquement représenté en léger relief avec les détails internes des cadrans est très réaliste. la position des instruments, la forme caractéristique en demi ovale de cette planche ne souffrent aucun reproche. Juste pour pinailler, j'ai repris la poignée à droite de la lampe, pour lui donner un relief plus prononcé, j'ai repris aussi le cable d'alimentation de la lampe et j'ai rajouté des écrous papillons pour figurer les connecteurs en bas à droite, ceux ci sont peints couleur argent car ils sont assez clinquants parmi les instruments plus sombres. Voici d'ailleurs le procédé très classique de mise en peinture:

  1. Peindre l'ensemble en blanc, une peinture énamel solide.
  2. Vaporiser du noir assez dilué pour que cette couche soit plus fragile que la précédente
  3. Avec précaution et à l'aide d'un scalpel émoussé, gratter cette pellicule pour faire apparaître les détails internes des cadrans en blanc.
  4. Colorer avec un pinceau triple 0 les instruments (rouge, bleu et orange, gris métal pour la lampe)
  5. Déposer une goutte de vernis pour créer la vitre de chaque cadran.

Evitez de manipuler jusqu'à la pose.

Le panneau de droite ne nécessite que peu d'aménagement, juste le cablage à refaire éventuellement et à ajouter par endroit. Comme d'habitude, j'utilise du fil de cuivre de différentes épaisseurs, et des petits bouts de gaine pour simuler les embouts de connexion. Voilà qui donne un peu de volume et aussi un meilleur équilibre avec le panneau de gauche plus fourni.

Le panneau de gauche nécessite un peu plus d'attention, en particulier pour la console du pilote. Avec de la patience, des restes de photodécoupe, on obtient une grande une densité de manettes qui attire tout de suite l'oeil. Un petit truc, pour les petites boules ergonomiques au sommet des manettes, ne cherchez pas, elles sont sur les grappes de la maquette! Regardez bien autour de certaines petites pièces, vous en trouverez de très belles et de la bonne dimension. Un maquettiste ne jette rien... Pour conclure sur cette console, on utilise aussi du plastique étiré pour refaire les manettes de sélection d'armement.

Les sièges. Pour le mitrailleur, on ne touche à rien. Par contre, pour le pilote et le navigateur, il est préférable de les refaire. Soit en feuille de laiton par exemple, à percer et à plier. Soit on affine et on perce les sièges en plastique fournis. En tout cas, pas question d'utiliser le décalcomanie de la boîte, le résultat serait déplorable, il ne peut que servir de gabarit. J'ai plutôt utilisé une troisième voie, en détournant une vieille planche toute dorée consacrée à la luftwaffe. Les sièges de bombardiers, une fois découpée à la bonne taille, feront parfaitement l'affaire. Reste les trous...mais pourquoi l'équipage n'utiliserait il pas des coussins? Pourquoi n'en donner d'office qu'au mitrailleur? Avec des trajets de plusieurs heures sur du métal nu, vous ne vous asseyez plus du tout au débriefing! Avec donc un dossier en milliput, fini les problèmes de dos pour le pilote, et les problèmes de trous pour votre serviteur. Pour en finir avec le siège, le fabricant a même pensé à la corde qui permettait de lever et descendre le siège. A peindre soigneusement pour le mettre en valeur.

 

La mitrailleuse est affinée, la bouche creusée, et on remplace le viseur par de la photodéc. J'ai choisi de la représenter rentrée afin de conserver en position l'arrière du cockpit et ne pas "casser" la ligne de l'avion.

 

 

Le palonnier, est sans doute la pièce à remplacer. Pour des contraintes évidentes de moulage, le palonnier est caricaturée avec ses sangles. Là, on peut sans hésiter tout refaire en scratch, du plastique, du métal, des sangles réquisitionnés sur une autre planche, et même le cablage peut être ainsi ajouté pour plus de réalisme. Avec un dessin de l'avion original en main (grand merci à J BARBY), j'ai poussé le vice en confectionnant l'écrou de réglage avec.... le viseur de la mitrailleuse!

Il ne reste plus qu'à monter tous ces éléments avec beaucoup de précaution.

 

Fuselage et ailes

On colle enfin l'habitacle à l'intérieur d'une demi coquille de fuselage, puis on assemble le fuselage complet (enfin, sans le moteur). L'ajustage est parfait, il n'y a plus qu'à poncer très finement la ligne dorsale, sans oublier la partie supérieure du long habitacle, afin de le peindre dans le même vert que l'intérieur. J'ai installé la mitrailleuse du poste de tir arrière à ce stade (la notice en préconise l'installation au moment du collage du fuselage, mais cela me semble plus aléatoire en terme de résultat et le plastique supporte assez bien une toute petite torsion pour une mise en place tardive), on peut très bien la positionner au stade final, mais comme j'ai choisi la position escamotée.... Allez, on cache la peinture "vert intérieur" avec du ruban adhésif pour la suite des opérations.

Le collage des ailes est de la même précision, et à c'est à ce moment qu'on se rend compte de l'envergure de l'avion, faites de la place! Même sur les photos que je vous propose, elle déborde du champ! Pas étonnant que les japonais lui aient rogné les ailes sur les porte avions. Ceci dit, avec une telle épaisseur, et une telle envergure, on comprend tout de suite les éloges sur la stabilité du kate à faible vitesse.

Au moment du collage des ailes sur le fuselage, petite mauvaise surprise, un coin de l'habitacle descend trop bas, de quelques dixièmes de millimètres sur l'arrière. Après un rabotage en règle, on fixe définitivement l'ensemble. Joint Karman: parfait. En souspesant la maquette, on peut dire qu'il y a déjà pas mal de plastique, c'est tout de même plus lourd qu'un spit ou un 109!

Pour les flaps, j'ai choisi la position baissée, comme sur la photo de l'original.

    Le moteur, le train et la verrière

Le train est préparé à part, car il est gris et le fond des trappes est aotake. Pour le détaillage, comme d'habitude, du fil de cuivre pour le cable de frein, et un cerclage en feuille d'aluminium adhésive. On peut sans souci le coller avant le vieillissement de l'appareil, car les tenons sont remarquablement solides et profonds.

Le moteur subit un petit détaillage, qui consiste à ajouter les tiges poussoirs, toujours en cuivre, de l'épaisseur d'un cheveu. Les pots d'échappement sont creusés et les bords affinés. Attention à la découpe du capototage annulaire frontal du moteur, Hasegawa , probablement pour des contraintes de moulage, nous a laissé un gros morceau de plastique en croix à l'intérieur de la cavité centrale, si vous coupez à la pince le plastique, cela repoussera vers la circonférence de la matière et c'est la casse assurée! Il faut donc impérativement scier les branches de la grappe. L'hélice est superbe, et elle est maintenue par un embout en caoutchouc, ce qui la rend amovible. Je n'ai donc pas résisté à l'envie de prendre une photo de l'avion "moteur tournant", un truc simple, il suffit de braquer un sèche cheveux (avec de l'air froid, bien sûr) vers l'hélice et d'appuyer sur le déclencheur...

La verrière de ce bel oiseau est belle et limpide. Le fabricant nous propose un choix difficile: ouverte ou fermée? Fermer empêche de voir les entrailles de l'animal, mais alors quelle ligne!!! Cela lui donne une silhouette fine et basse du plus belle effet, si reconnaissable! Ouvrir permet d'apprécier le détaillage mais casse la ligne de l'ensemble...D'autant qu'il faut TOUT laisser ouvert car la superposition des éléments oblige le fabricant à sous dimensionner les parties transparentes qui se trouvent en dessous de la pile (surtout à l'arrière: 3 pièces superposées). Alors comme je la voulais ni complètement ouverte, ni complètement fermée...j'ai donc scié la partie arrière de la longue verrière fermée, afin de remplacer la même pièce, mais plus petite, tout au bout, au poste du mitrailleur. C'est une configuration invraissemblable, mais c'est aussi un compromis entre ligne et détaillage.

Peinture et finitions

Avant tout, de la méthode, comme pour réussir une bonne recette:

  1. Masquez soigneusement les surfaces à protéger

  2. Appliquez généreusement de la peinture en bombe "aluminium", sans irrégularité sur la surface.

  3. Peindre en blanc, puis en rouge tout l'empennage

  4. Peindre en aotake les trappes

  5. Peindre le dessous en gris naval japonais, le dessus en vert foncé Nakajima

  6. Peindre le capot moteur en noir bleuté.

L'avion est celui bien entendu, du commandant du dispositif aérien de la première division de porte avions, le capitaine de frégate Fuchida.

L'avion est alors très beau, et si l'on souhaite le présenter à la veille de l'attaque de Pearl Harbor, on peut s'arrêter là. Mais voilà, je me suis arrêté sur cette photo de l'avion quelques semaines après le "jour d'infamie", franchement usé par les nombreuses sorties opérationnelles. Alors, courage et patience, c'est à coup de scalpel (tendrement), qu'il a fallu peler cette belle peinture (au grand dam de mes proches qui m'ont pris pour un fou, ou plutôt qui les a convraicu définitivement de ma folie). C'est vrai, au départ c'est dur et décourageant, car il faut être réaliste, et un dérapage peut tout gacher. Pour les surfaces un peu grandes, j'ai nettoyé la peinture acrylique avec des cotons tiges imbibés d'alcool, laissant apparaître la sous couche aluminium qui ne craint pas ce diluant.

       

Au final, je ne suis pas trop mécontent du résultat, après la pose des décalques (inutile d'utiliser des produits assouplissants, ils sont très adhérents), un tout petit jus noir, et encore, pas partout, car l'avion est déjà sombre, a suffit à mettre en valeur, ... les hinomarus et l'intrados.

Vient le moment émouvant: l'assemblage final. Le moteur, le train, et surtout la verrière. Et voilà, l'essentiel est fait, c'est beau, les yeux du maquettiste brillent (et seulement du maquettiste), mais ce n'est pas fini, il reste à poser les petites pièces, comme le viseur du capotage annulaire, refait maison, et surtout le fil d'antenne, pas toujours installé dans la réalité (et de plus en plus rarement chez les japonais) mais qui donne une touche de finesse à l'esnsemble.

Voilà, vous pouvez, pour conclure, vous précipiter sur cette maquette les yeux fermés, c'est un bon et beau modèle.

J'oubliais, très important, si quelqu'un sait ce qui est advenu de cet avion dans les opérations du Pacifique, qu'il n'hésite pas à me contacter, je n'ai pas réussi à savoir s'il a coulé avec l'Akagi, s'il a été transféré à temps sur le dernier porte avions à couler à Midway, s'il a sombré avec Tomonaga.... Toute information à ce sujet m'intéresse: manuel.prego@free.fr

Encore merci à Jean Barby.